Contact

Photographies Luc Jennepin
06 16 46 83 61
lucjennepin@orange.fr
Composition musique Louis Sclavis
Publishing Jean-Marie Salhani éditions
Enregistrement et mixage Tomato Sound Factory

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Musique

fond

jeudi 16 avril 2015

EXPO CHIBANIS LA QUESTION MARDI 14 ET MERCREDI 15 AVRIL

Cité des arts de Bayonne
Arte hiria ciutat deus arts
Ecole d'art + Conservatoire


 Chibanis la question à Bayonne arrivée lundi 13 avril départ jeudi 16 avril à la cité des arts
Montage de l'expo

Visite guidée
Olivier journaliste à sud ouest
Frédéric le directeur de l'école d'art à Bayonne et Ramuntxo journaliste de Eklektika













  MERCI AUX BASQUES !!!



















mardi 14 avril 2015

Communiqué :
L'Ecole d'Art de Bayonne et Eklektika se sont associés pour présenter une exposition photographique exceptionnelle à Bayonne, avant son arrivée le 1er mai à l'Assemblée Nationale :

PHOTOGRAPHIES DE LUC JENNEPIN
CHIBANIS LA QUESTION à Bayonne
ECOLE D’ART DE L’AGGLOMÉRATION CÔTE BASQUE - ADOUR
ENTRÉE LIBRE
EXPO  mardi 14 et mercredi 15 avril 2015 - de 10H à 18H
3 avenue Jean Darrigrand 64100 Bayonne - www.art.agglo-cotebasque.fr

Exposition / installation Sophie Pourquié & Luc Jennepin
Création musique Louis Sclavis
Texte Les Chibanis de Magyd Cherfi, album Comme des Cherokees Zebda
Textes L’ombre / La valise de Nasser Djemaï
Texte de Yassine

Blog de Mona Jennepin

www.chibanislaquestion.blogspot.fr

Expo nécessaire
Épopée engagée

Partie de Montpellier le 28 mars, l’exposition nomade Chibanis, la question est l’invitée exceptionnelle de l’Ecole d’Art de Bayonne, les 14 et 15 avril. Avant de reprendre la route vers l’Assemblée Nationale, le 1er mai.
Contre l’invisible, la lumière : 68 portraits
Pendant les 30 glorieuses, les Chibanis ont construit nos villes, nos routes.
Combien sont-ils ? entre 350 000 et 400 000 ? Jamais chez eux ici, plus chez eux là-bas. Perdus entre deux rives, et chaque jour moins nombreux.
Qui sont-ils ? Ils sont l’ombre floue des ruelles, la silhouette sans famille des cafés populaires, la mémoire emmurée de nos immeubles. Invisibles.
Chibanis, la question, ce sont 68 portraits de chibanis et chibanias, premières générations d’Algériens  de Marocains et Tunisiens venus en France pour répondre à la demande de main d’oeuvre. L’exposition créée par Luc Jennepin et Sophie Pourquié nous ouvre les yeux sur ceux que nous ne regardons plus, sur ces âmes errantes des foyers sans âtre. 68 portraits illuminés par la dignité de ceux qui, après une vie de labeur, s’éteignent aujourd’hui dans la précarité, l’indifférence, l’amnésie publique.
Chibanis, la question, c’est aussi une composition originale signée Louis Sclavis, partie prenante de cet hommage artistique et photographique aux Chibanis.
Chibanis, la question, ce sont aussi les textes originaux et les lectures de Nasser Djemaï et Magyd Cherfi (Zebda).

Exposition dans et hors les murs, jusqu’à Paris

Conçue pour Pierresvives, la Cité des Savoirs imaginée pour le Département de l’Hérault par l’architecte Zaha Hadid, Chibanis, la question, est une exposition évolutive rassemblant 68 rollup.
Une expo agile pensée dans et hors les murs.
Une expo devenue épopée :

Montpellier, du 28 février au 27 mars 2015. Dans les murs : Pierresvives, Cité des Savoirs et du sport pour tous, Département de l’Hérault. Hors les murs : collège Les Escholliers de la Mosson (6 mars), marché des Halles de La Paillade (7 mars).
Frontignan, du 28 au 30 mars. Dans les murs : hôtel de ville.
Béziers, du 1er au 4 avril. Dans les murs : Théâtre SortieOuest, Département de l’Hérault. 
Pau, du 10 au 12 avril. Dans le Village Emmaüs Lescar-Pau.
Bayonne, les 14 et 15 avril. Dans les murs : Ecole d’Art de l’agglomération Côte Basque Adour.

En ligne de mire : l’Assemblée Nationale. Le 1er mai, les 68 portraits interpelleront la représentation nationale, sur le parvis du palais Bourbon.

L’exposition : art vivant, art militant

Le projet Chibanis, la question a commencé au printemps 2013 dans le cadre du festival Arabesques - les rencontres des arts du monde Arabe. Le photographe Luc Jennepin suit des collégiens à la rencontre des Chibanis, dans une pension à Montpellier : premiers portraits. Pour immortaliser « ces personnes dignes qui vivent dans un milieu indigne », Luc Jennepin et Sophie Pourquié posent leur démarche, stricte, exigeante. Les portraits seront réalisés en buste, sur fond noir, regards de face, mains de travailleurs apparentes?. Chacun s’asseoit tour à tour sur la chaise Verner Panton, chef d’oeuvre du design invisible à l’image. Dans la continuité, des prises de vue sont réalisées à Paris, Lyon, Marseille, Martigues . Des personnalités artistiques telles que Louis Sclavis, Magyd Cherfi, Nasser Djemaï, Rachid Oujdi, Dorris Haron Kasco et Bastien Cazals s’associent au projet. L’épopée des Chibanis a commencé.
Jusqu’au 1er mai, Chibanis, la question devient une caravane itinérante avec à bord son bord Luc et Sophie, leur fille Mona et l’oncle Michel. Suivez chaque étape du quatuor sur le blog de Mona Jennepin : http://chibanislaquestion.blogspot.fr


les liens 

association Uni'sons - La caravane Arabesques
www.unisons.fr
www.festivalarabesques.fr 

Cafés sociaux
www.cafesocial.org
www.olivierdessages.com

Rachid Oujdi - Réalisateur du doc clip "Les Chibanis" de Zebda + film documentaire "Perdus entre deux rives"

www.novaplanet.com

www.sortieouest.fr

www.emmaus-lescar-pau.com

www.eklektika.fr

www.bab-art.fr

www.bayonne.fr



contact Luc Jennepin 06 16 46 83 61





lundi 13 avril 2015

Deux textes de Nasser Djemaï



L’ombre

Quand je suis sur mon banc, je vois ce que les autres ne voient pas. Je vois des gens courir pour attraper le bus, d'autres qui sont en train de porter les courses, la maman qui emmène la petite fille à l'école. Des jeunes qui s'embrassent, le vendeur de poissons qui balaye, je suis au spectacle. Moi personne me voit. Je vois des gens rire, je vois des gens pleurer. Un autre qui est en train de divorcer au téléphone. Souvent je prends mon chapeau et je le secoue, je le remets sur ma tête et je recommence à regarder comme si j'avais tourner la page d'un livre. 
Un jour, il faisait très très froid, j'étais sur mon banc comme d'habitude, tout seul. D'un seul coup, une jeune femme s'approche, elle s'assoit à côté de moi, je la regarde pas. Elle sent bon. Elle ne dit pas un mot et j'entends qu'elle pleure. Et là, elle pose sa tête sur mon épaule. Là je croyais que mon cœur s'était arrêté de battre. Je suis resté immobile, je sais pas combien de temps, le soleil avait disparu, le poissonnier avait fermé son magasin depuis longtemps et elle dormait contre mon épaule. J'avais l'impression d'être un arbre. Je voulais plus bouger pour toujours. Que ça s'arrête jamais. Alors j'ai fermé les yeux. Mais elle s'est réveillée et elle est partie.

La valise

Allah, excuse-moi, je sais c'est pas bien, mais s'il te plait, juste je touche ma retraite. Comme ça je prends le billet d'avion pour le mariage de ma fille, ma petite Zora. Allah, des fois je rêve, j'ai mon billet d'avion dans la main et j'arrive à l'aéroport, mes valises elles sont pleines.  Elles sont pleines de vide, pleines de plastique, pleines de tissus. Toute l'année je remplis pas mon estomac juste pour remplir mes valises avec les cadeaux, et je sais on m'attend. Mais je sais pas qui c'est on attend. C'est moi on attend ? Ou  c'est mon argent ? 
Tu sais, si j'ai l'argent, le premier des premiers cadeaux  j'achète, c'est le parfum, le parfum de la France. Même si c'est acheté sur le marché, c'est du parfum de la France. Au marché je prends le plus cher des parfums, ça c'est pour ma femme. Et après il faut  j'apporte à elle des robes, à elle et pour ses sœurs. Et pour ma fille, ma Zora, une robe magnifique, avec beaucoup de dorures, les dorures c'est très important. Plus il y a des dorures, plus la robe elle est belle. Je vais même acheter un rouleau de dorure pour être sûr. Comme ça là-bas je vais tout dorer. Là c'est respect, c'est sûr.
Toujours je prends ma valise et j'ai mal au ventre. Je dis, je vais les revoir. Je pense à mon fils et déjà je tremble. Lui et moi c'est la guerre, on parle plus depuis longtemps. Ma femme, ça fait quarante ans elle me voit que juillet et août. Dis-moi, comment on va se regarder ? Comment on va parler ? Comment on va se toucher ? Je me dis : « C'est rien. Tu vas la voir. Tu vas discuter, raconter ta vie, demander à elle si elle a besoin quelque chose». Mais dans mon cœur je sais elle veut plus de moi. Je sais elle va faire semblant par rapport à la famille, pour les enfants, même si ils sont grands. Et pour rester loin de moi, elle va inviter toujours du monde à la maison, pour pas on reste tout seuls. Tout seuls, elle et moi. Elle sait  je suis habitué à vivre tout seul et  je supporte pas quand y'a trop de monde autour. Elle sait je vais sortir, je resterai pas longtemps à la maison. Je sais, je rentrerai le soir, comme d'habitude, elle a préparé une chambre pour moi. Depuis des années, elle ferme sa porte à clé.  
De toute façon Allah, c'est toi qui décide, moi j'ai rien à dire.

Nasser Djemaï - Auteur / Metteur en scène







 Vous pouvez aussi allez voir sur le lien si dessous
 EKLEKTIKA.FR
 PORTAIL CULTUREL PAYS BASQUE.
 AGENDA -ACTUS
 ÉVÈNEMENTS
 TOUT CE QUI EST À VOIR (OU À ÉVITER)
http://www.eklektika.fr/chibanis-la-question-luc-jennepin-bayonne-ecole-art/

dimanche 12 avril 2015



Texte de Yassine
Propos recueilli lors de rencontres inter générationnelles entre collégiens et Chibanis, organisées en 2013 par Uni'sons avec Adoma et les Escholiers de la Mosson à Montpellier pour le Festival Arabesques, atelier mené par Ali Merghache.

J’ai fait la guerre de 39-45. J’ai pris des risques pour un pays étranger que je ne connaissais pas du tout et qui s’appelait la France qui avait déjà fait une guerre en 1914-1918 contre les Allemands.
J’ai vu plein de cadavres, d’armes et de terreur. J’ai aussi quitté ma famille et mes amis. C’était une période difficile à supporter de ma vie.
Je m’appelle Karim, j’ai 75 ans, j’avais 18 ans quand j’ai quitté mon pays le Maroc, dans mon village situé dans les montagnes de l’Atlas à côté de la ville de Marrakech.
Lorsque la guerre a éclaté, c’était la chance de ma vie: quitter la misère du bled, la chaleur, le manque de tout mais surtout de ne pas manger à ma faim.
Je me suis engagé dans l’armée française pour la liberté et pour lutter contre le racisme mais ce qui m’a motivé le plus, c’était d’apporter de l’argent à ma famille parce qu’avant il n’y avait pas de travail. C’était soit ça, soit rien.
 Je suis venu en France en bateau. Lors de mon arrivée à Montpellier, j’étais content de commencer ma nouvelle vie qui se transformera en cauchemar. Le simple fait d’avoir un uniforme, de manger à ma faim, de prendre une douche quand j’étais sale me faisait apparaître un sourire sur le visage. Dès lors, le jour où il a fallu aller au combat, j’étais tremblant, j’avais peur de mourir face aux attaques ennemies. Je ne souhaite à personne de faire la guerre.
J’ai combattu contre les Allemands d’Hitler et les Italiens de Mussolini. Mais ensuite, la France nous a été reconnaissante et m’a permis de vivre et travailler. Au début, je pensais que la guerre était facile, que les conditions seraient bonnes, mais le plus dur, c’était de revenir de la guerre en héros. Après avoir fait la guerre j’avais le choix de rester en France ou de retourner au Maroc. J’ai décidé de rester en France. Ce qui m’a le plus blessé, c’est mon retour de la guerre où j’étais la cible d’insultes racistes de la part des français alors que j’avais combattu pour leur liberté.
Quelques années plus tard, j’ai appris que le Maroc était indépendant seulement après 1956.
J’ai combattu pour la liberté d’un pays étranger alors que le mien n’était pas libre. J’ai combattu contre le racisme alors que dès mon retour j’ai été victime de racistes.

 Texte de Yassine collégien 




Photographies Luc Jennepin
Exposition / installation Sophie Pourquié & Luc Jennepin

Création musique Louis Sclavis
Texte Les Chibanis de Magyd Cherfi, extrait de l'album "Comme des Cherokees" de Zebda - Textes L’ombre / La valise de Nasser Djemaï - Texte de Yassine collègien


Pour Luc Jennepin, photographe montpelliérain né à Alger en 1970, la rencontre avec les Chibanis reste un événement important et intense, «ces personnes dignes qui vivent dans un milieu indigne». Il a alors souhaité réaliser des « photos de dignité » de ces hommes : pris en buste, assis et sur fond noir, leurs mains de travailleurs apparentes, leurs regards de face, la chaise, la lumière qui vient d’en haut et l’excellence photographique comme éclairant leur grande humanité. Le projet a commencé au printemps 2013 quand Luc Jennepin, dans le cadre du festival Arabesques a suivi des collégiens des Escholiers de la Mosson partis à la rencontre des Chibanis de la pension de famille Adoma à Montpellier où il réalise les premiers portraits. Dans la continuité, des prises de vue ont été organisées dans d’autres villes. Des personnalités artistiques telles que Louis Sclavis, Magyd Cherfi, Nasser Djemaï, Rachid Oujdi, Dorris Haron Kasco et Bastien Cazals s’associent à cet hommage fait aux Chibanis. L’exposition itinérante qui présente les photographies en noir et blanc et en grand format s’inscrit dans le cadre de la Caravane Arabesques de l’association UNI’SONS à Montpellier.

« Luc Jennepin travaille avec son regard c’est normal il est photographe. Ce qui est inattendu c’est que les outils qu’il utilise, numériques ou pas, n’ont plus aucune importance pour lui, c’est un professionnel totalement libéré de la technique. Personne ne peut le savoir parce que, ce que « Monsieur tout le monde » voit, c’est d’abord son Hasselblad. Son intelligence fait ses photographies, son amour de la vie lie tous les artistes, chefs de cuisine, vignerons d’exception, pilotes de vitesse, ou ces Chibanis qui lui font une confiance absolue au point de lui ouvrir des espaces intimes que seules ses photographies ne volent pas. Il a déjà vécu dans son histoire le point ultime des histoires vraies, rien ne le détourne jamais de l’essentiel. Photographier est pour Luc un rendez-vous avec la lumière des hommes. » Texte de Christian Gaussen 

Blog Chibanis la question réalisé par Mona Jennepin, collégienne