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Photographies Luc Jennepin
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Composition musique Louis Sclavis
Publishing Jean-Marie Salhani éditions
Enregistrement et mixage Tomato Sound Factory

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Musique



fond

dimanche 12 avril 2015



Texte de Yassine
Propos recueilli lors de rencontres inter générationnelles entre collégiens et Chibanis, organisées en 2013 par Uni'sons avec Adoma et les Escholiers de la Mosson à Montpellier pour le Festival Arabesques, atelier mené par Ali Merghache.

J’ai fait la guerre de 39-45. J’ai pris des risques pour un pays étranger que je ne connaissais pas du tout et qui s’appelait la France qui avait déjà fait une guerre en 1914-1918 contre les Allemands.
J’ai vu plein de cadavres, d’armes et de terreur. J’ai aussi quitté ma famille et mes amis. C’était une période difficile à supporter de ma vie.
Je m’appelle Karim, j’ai 75 ans, j’avais 18 ans quand j’ai quitté mon pays le Maroc, dans mon village situé dans les montagnes de l’Atlas à côté de la ville de Marrakech.
Lorsque la guerre a éclaté, c’était la chance de ma vie: quitter la misère du bled, la chaleur, le manque de tout mais surtout de ne pas manger à ma faim.
Je me suis engagé dans l’armée française pour la liberté et pour lutter contre le racisme mais ce qui m’a motivé le plus, c’était d’apporter de l’argent à ma famille parce qu’avant il n’y avait pas de travail. C’était soit ça, soit rien.
 Je suis venu en France en bateau. Lors de mon arrivée à Montpellier, j’étais content de commencer ma nouvelle vie qui se transformera en cauchemar. Le simple fait d’avoir un uniforme, de manger à ma faim, de prendre une douche quand j’étais sale me faisait apparaître un sourire sur le visage. Dès lors, le jour où il a fallu aller au combat, j’étais tremblant, j’avais peur de mourir face aux attaques ennemies. Je ne souhaite à personne de faire la guerre.
J’ai combattu contre les Allemands d’Hitler et les Italiens de Mussolini. Mais ensuite, la France nous a été reconnaissante et m’a permis de vivre et travailler. Au début, je pensais que la guerre était facile, que les conditions seraient bonnes, mais le plus dur, c’était de revenir de la guerre en héros. Après avoir fait la guerre j’avais le choix de rester en France ou de retourner au Maroc. J’ai décidé de rester en France. Ce qui m’a le plus blessé, c’est mon retour de la guerre où j’étais la cible d’insultes racistes de la part des français alors que j’avais combattu pour leur liberté.
Quelques années plus tard, j’ai appris que le Maroc était indépendant seulement après 1956.
J’ai combattu pour la liberté d’un pays étranger alors que le mien n’était pas libre. J’ai combattu contre le racisme alors que dès mon retour j’ai été victime de racistes.

 Texte de Yassine collégien 


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